Félix Grandet fait partie de cette génération qui a su tirer profit de la Révolution. Grâce à de bons placements, à un sens aiguisé des affaires, mais surtout à une avarice portée à son paroxysme, cet ancien tonnelier a pu se constituer un patrimoine considérable. Pour trois fois rien, il a acquis de beaux et grands vignobles, une vieille abbaye, ainsi que différentes métairies. Il faut rajouter à cela quelques biens confisqués au clergé. Mais la fortune de celui que certains nomment le père Grandet, n’a d’égal que sa cupidité, ce dernier régnant en despote sur sa maisonnée à qui il fait mener une existence étriquée.
Autrefois maire de cette petite ville de province du nom de Saumur, le père Grandet fait à présent fructifier son immense fortune tout en prétendant auprès de sa femme, de sa fille unique, Eugénie, et de sa servante, Nanon, qu’ils sont pauvres et qu’il y a matière à s’inquiéter pour les jours à venir. L’avare met tout sous clef et compte le moindre centime dépensé. Les habitants de Saumur, où chacun ne sait qu’estimer la richesse de Félix Grandet, voient en sa fille, le plus beau partie de leur localité. L’intrigue se dessine : qui Eugénie Grandet épousera-t-elle ?
Faisant partie de la bourgeoisie de Saumur, deux clans s’attellent à courtiser ardemment la fille Grandet. À l’image d’intrigues florentines, les Cruchot (famille de notaires) et les Des Grassins (famille de banquiers), d’ailleurs les seules personnes étrangères ayant accès à la demeure Grandet, rivalisent de flatteries et ne tarissent point d’éloges pour faire en sorte qu’un membre de leur lignée obtienne la main d’Eugénie. En bon grigou, l’harpagon père Grandet tire grandement avantage de cette rivalité, jusqu’à ce que lui vienne une correspondance de Paris.