De plus, les personnifications successives des éléments naturels (emploi de l'impératif v.14 et du « vous » v.4 et 8, introduisant une symétrie dans la chute des quatrains qui entretient la confusion entre la voix de la nature et celle du poète) trompent l'attente du lecteur : alors qu'on pouvait s'attendre à un poème d'amour, on se trouve en présence d'une plainte amoureuse (ton élégiaque). Les allitérations en [v] du premier quatrain renforcent le caractère intimiste de cette plainte, juste murmurée comme le montre la simplicité syntaxique des quatrains : les vers 1 à 8 sont constitués d'une longue énumération de groupes nominaux coordonnés par « et ». Il faut attendre les tercets pour trouver des propositions subordonnées (v.9 et 10) et incise (v.11-12) qui précisent le sujet de ce poème. La proposition principale est rejetée dans le dernier hémistiche, à l'ultime vers, pour offrir la chute du poème, qui constitue aussi son principal argument. Toutefois, la surprise du dernier vers a été préparée tout au long du texte par la personnification subtile de la nature en femme, grâce à un jeu sensuel d'oppositions mimant le jeu de la séduction : les formes rondes (« monts » v.1, « vallons » v.7, « bossus » v.7) offertes à la vue (« découverts » v.1, « ouverts » v.5) alternent avec les formes qui se cachent, comme pour se refuser au poète (« ondoyantes », « tors » v.3). Le jeu des sens complète cette allusion à la séduction exercée par la nature féminine sur l'homme : sont sollicités la vue (« découverts » v.1, « verdoyantes » v.2), le toucher (« moussus » v.5), l'odeur et le goût (« vineux » v.2).