Si je pouvais, je serais en voilier à barrer vers le large oubliant dans ces vagues tout ce qui me tient attaché sur ce continent.
Le soleil en fond d’ouest m’attendrait dans ma course vers nulle part.
J’irais me perdre à l’infini pour ne plus avoir à penser. Je prendrais le ressac comme un frère d’arme et le traverserais comme on vient en ami vers le lointain, pour oublier ne serait-ce qu’un instant, les turpitudes aléatoires de la réalité.
Le palpable quotidien deviendrait alors mon but comme un manque évident, celui de mes souvenirs. Ceux d’un improbable réalisme, tant on embelli l’image de nos défaillances passées.
Si je pouvais, j’arrêterais mon navire dans une crique bleue lagon pour y déposer mes armes dans le calme d’une eau limpide. Je ne déciderais de plus rien avec force, comme j’ai su tant le faire, pour me laisser guider de ces petits bonheurs que la vie nous donne chaque jour, sans détermination aucune à ne rien laisser au hasard.