Fatigué par vingt ans de guerre, malade, Napoléon reste le dieu des batailles. Tout ce qu'il a décidé pour vaincre les Anglais et les Prussiens est bon aller droit au coeur de la ligne ennemie, la couper en deux, pousser les Allemands à droite et les Anglais à gauche, enlever le plateau de Mont-Saint-Jean où les Anglais l'attendront certainement, prendre Bruxelles, jeter l'Allemand dans le Rhin et l'Anglais dans la mer voilà ce que Napoléon veut faire. Ensuite il verra. Malheureusement, quand l'armée française arrive devant le plateau de Mont-Saint-Jean il pleut et la bataille contre les Anglais ne peut commencer avant onze heures et demie du matin. Les Prussiens auront le temps d'arriver. Tout le monde connaît le commencement de cette bataille... Vers quatre heures il n'y a plus que le centre anglais qui résiste encore et les trois mille cinq cents cui- rassiers du général Milhaud reçoivent l'ordre d'attaquer. D'un même mouvement et comme un seul homme, les cavaliers descendent dans le fond de la plaine où tant d'hommes sont déjà tombés. Ils disparaissent dans la fumée, puis sortant de cette ombre reparaissent de l'autre côté du vallon, toujours serrés, montant à toute vitesse à travers un nuage de balles et d'obus. Ils vont tranquilles et sûrs d'eux au milieu d'un bruit sourd. Le général Wathier tient la droite; Delord, la gauche. On croit voir de loin deux grands serpents de fer traverser la bataille. Au-dessus d'eux, à l'ombre de leurs canons, formés