Il était fort évident que le pilote n’avait plus la main aussi sûre, car le canot décrivait des zigzags inquiétants dans le ciel. Le canot manqua de peu une grande croix. Les hommes hurlèrent contre Baptiste qui ne voulait rien entendre. Voilà que Baptiste s’emporte. Il veut redescendre à Gatineau pour prendre un verre. Les hommes essaient de le raisonner. Ils n’avaient plus qu’une heure pour se rendre au chantier. Ils bâillonnèrent donc Baptiste Durand pour l’empêcher de sacrer et le ligotèrent au fond du canot. Joe prit les commandes. Et ils repartirent au nord en direction du chantier. Ils en étaient seulement à quelques lieues quand cet animal de Baptiste qui se détortille de la corde avec laquelle les bûcherons l’avaient ficelé se libère, arrache son bâillon et lâche un sacre qui les fit frémir jusqu’à la pointe des cheveux. Impossible de lutter contre lui dans le canot sans courir le risque de tomber d’une hauteur de deux ou trois cent pieds, et l’animal gesticulant comme un perdu les menaçait maintenant de son aviron. Dans la cohue, le canot heurta la tête d’un gros pin et les voilà précipités en bas, dégringolant de branche en branche