Congress PS:Hollande et Valls rassurès
Jean-Christophe Cambadélis en passe d'être èlu à la tête du PS et un couple exécutif qui voit sa ligne politique confirmée: les militants socialistes ont effectué un choix clair lors d'une première étape du congrès de Poitiers.
La motion A du premier secrétaire du PS a obtenu 60% des voix, la motion B des frondeurs et de l'aile gauche 29%, la motion D de la députée Karine Berger 9,5% et le texte C de Florence Augier 1,5, a déclaré vendredi le responsable PS des élections Christophe Borgel.
Ces chiffres portent sur 92% du corps électoral dépouillé, et il y a "peu de chances que les résultats définitifs", qui seront proclamés au congrès de Poitiers (du 5 au 7 juin), "s'éloignent de ces résultats-là", selon lui. Ils n'étaient pas contestés par les autres motions.
En 2012, la motion Harlem Désir avait obtenu 67,8% des voix, très largement devant quatre autres motions.
Le score de la motion "Camba", soutenue par la quasi-totalité du gouvernement, a immédiatement été analysé par l'exécutif comme un gage de soutien à sa ligne politique. "Tout ce qui peut apporter de la stabilité, de la cohérence et de la visibilité est bon pour l'action que je mène aujourd'hui pour la France", a commenté François Hollande depuis le sommet européen de Riga.
"Je salue l'esprit de responsabilité des militants. Nous sommes rassemblés pour continuer de réformer la France", a tweeté Manuel Valls.
De son côté, Jean-Christophe Cambadélis s'est félicité sur les plateaux TV d'avoir "un vote de sortie de crise", enfin une ligne "majoritaire" et "la stabilité pour le Parti socialiste".
La maire de Lille Martine Aubry, critiquée pour avoir rallié la motion majoritaire il y a un mois, s'est félicitée de la victoire de ce texte, assurant qu'elle avait "tenu la plume" pour la rédiger avec le premier secrétaire du parti.
- 'Réanimer le dialogue' à gauche -
De son côté Christian Paul, qui menait la motion des frondeurs et de l'aile gauche, a prévenu qu'il veillerait à faire apparaître de nouvelles "majorités d'idées" pour influer sur la politique du gouvernement.
"Je souhaite que les engagements du Bourget soient tenus et que les engagements de Poitiers soient également respectés", a-t-il dit, estimant avoir "réveillé le Parti socialiste", "en hibernation depuis trois ans", avec des idées qui ont infusé dans toutes les motions, y compris la motion A.
Cette dernière prévoit plusieurs inflexions, comme une réforme fiscale ou une meilleure utilisation des milliards non utilisés du Pacte de responsabilité.
Karine Berger, dont la motion est arrivée en troisième position, a convenu que Jean-Christophe Cambadélis avait "toute légitimité" à diriger le parti, un signe de soutien manifeste.
Florence Augier (motion D) était déçue de son score, mais elle a appelé à voter pour M. Cambadélis jeudi prochain, lors du vote qui doit le départager de M. Paul. Tous deux ont confirmé leur candidature vendredi.
Ce scrutin est sans suspense: M. Cambadélis, est "assuré" de rester à la tête du parti, a dit Christophe Borgel.
Ce dernier s'est félicité de la participation (54,5% sur 131.000 militants "actifs"), "dans la situation qui est celle du PS à savoir un parti convalescent", avec 40.000 adhérents de moins qu'en 2012, où la participation avait culminé à 59%. La motion B a jugé pas "satisfaisante" cette participation.
Au Front de gauche, les appels au dialogue avec l'ensemble de la gauche étaient perçus diversement. Les communistes se déclarent prêts à discuter à "reconstruire un nouveau projet de gauche alternatif" (Pierre Laurent). Jean-Luc Mélenchon appelle plutôt les "frondeurs" du PS à le rejoindre. "Avec 30%, vous ne changez pas le PS, mais avec moi, vous pouvez encore changer le pays."
Le patron des sénateurs UMP Bruno Retailleau a affirmé que "60% des militants socialistes ont voté pour le vide" et pour "un non-projet" agrégeant "quelques personnalités récalcitrantes".
Le congrès de Poitiers, du 5 au 7 juin, entérinera les résultats des votes du 21 et 28 mai. Jean-Christophe Cambadélis espère l'adoubement des militants socialistes, lui qui a été propulsé à la tête du parti en 2014 après l'"exfiltration" de son prédécesseur Harlem Désir vers le gouvernement. Et d'avoir ensuite un PS en ordre de marche pour 2017.