L'origine de la religion cathare
C'est dans ce milieu que se répandit une religion nouvelle dont le succès fut si rapide qu'il effraya l'Église catholique. Cette dernière fut en partie responsable de cet extraordinaire essor : critiquée de toutes parts et incapable de se réformer, elle prépara le terrain sur lequel le catharisme put s'enraciner. Bien avant l'apparition de la religion cathare, de nombreux moines avaient prêché la révolte ouverte contre l'Église, ses prêtres et ses sacrements : l'exigence entre une plus grande simplicité dans la relation des hommes avec Dieu, d'un retour à une foi moins prisonnière du cadre luxueux dans lequel l'avait enfermée l'Église, étaient des revendications très largement répandues à l'époque. Mais le catharisme était bien plus qu'un mouvement de simple critique; il était aussi et surtout une religion différente du catholicisme romain. La tradition qui le nourrissait était très ancienne puisqu'elle s'était développée à partir du VIIe siècle avant J.-C., autour d'un personnage important de l'Antiquité, le prophète perse Zoroastre. Ce dernier pensait qu'il existait dans l'univers deux principes irréductibles, le Bien et le Mal, en lutte permanente l'un contre l'autre. Les idées de Zoroastre eurent une influence considérable pendant toute l'Antiquité et elles furent, dans leurs grandes lignes, reprises au IIIe siècle après J.-C. par le prophète Manès, fondateur de la doctrine manichéenne. Au Xe siècle, en Bulgarie, cette doctrine donna naissance aux bogomiles (De Bogomile, le fondateur de la secte), qui avaient repris les idées religieuses des conceptions manichéennes. Par la suite, on a souvent établi un lien de filiation entre le catharisme et le bogomilisme, cependant, ce lien est aujourd'hui contesté. Si ces deux doctrines sont très proches, il semble que le catharisme soit directement issu du christianisme et des doctrines marcionistes (de Marcion) et gnostiques. Le catharisme est en effet le fruit d'un travail scripturaire, proposant une interprétation différente des évangiles, rejetant notamment tous les sacrements de l'Église catholique (baptême d'eau, eucharistie, mariage, etc.)